La délicate question de la capacité des responsables d’exécutifs communaux camerounais à se saisir de l’opportunité reste une inquiétude…

Une opportunité pour les maires
Le ministre Marafa Hamidou Yaya en charge de l’administration territoriale et de la décentralisation, a procédé ce vendredi 16 juillet 2010, à la signature de l’acte d’ouverture effective du guichet PPTE auprès du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (FEICOM).

Cette opération intervient six mois après les premiers actes de transferts de compétences et de ressources par l’Etat camerounais à ses régions et communes, Ce guichet permettra selon l’administration, aux mairies (urbaines et rurales) du cameroun, de bénéficier pleinement des retombées de l’initiative pays pauvre et très endetté PPTE.

Il s’agit d’un pas supplémentaire vers l’aboutissement du processus de décentralisation et la mise en disposition des fonds PPTE qui seront constitué de ressource additionnelle, a indiqué le ministre Marafa. Il était paradoxale que les communes ne soient pas éligibles pour l’accès au financement PPTE, alors même que l’initiative a pour objectif premier la lutte contre la pauvreté chez ses bénéficiaires. L’expertise du FEICOM a été choisie en raison de la longue expérience de cette structure dans l’accompagnement et le conseil en investissement auprès des collectivités locales camerounaises. Début juillet, le ministère en charge de l’administration territoriale a en partenariat avec la coopération française, la coopération technique allemande, le Fonds d’équipement et d’intervention intercommunale (FEICOM), le Programme national de développement participatif (PNDP), et le Centre de formation pour l’administration municipale (CEFAM) avait organisé un séminaire consacré à la gestion des compétences et des ressources de première génération transférées aux communes et communautés urbaines depuis le premier janvier 2010.

Une opportunité aussi pour les experts en développement communal
Malgré l’optimisme habituel des autorités sur la question, de nombreux observateurs restent très prudent quant à l’efficacité de la mesure. Le premier obstacle découle des mairies elles-mêmes. Très souvent les patrons des exécutifs communaux parviennent à la tête de leur communauté sans avoir un programme clair de promotion économique et social de leurs communes. Et avec le système électoral de liste et le besoin constant de récompenser ceux qui ont soutenu les campagnes, très souvent les maries sont dirigées par des personnes qui n’ont pas toujours une compétence effective dans la gestion de la collectivité, ou dans la gestion tout court.

Le ministre Marafa a balayé cette objection. Il faut montrer de la volonté plutôt que de critiquer, a dit en substance le ministre d’Etat. Les maires pourront faire appel à des expertises en matière de montage et de gestion de projet, ces expertises existent dans tous les domaines, il appartiendra aux responsables communaux de s’appuyer sur ces expertises a-t-il dit pour conclure. Reste que le contenu du cahier de charge du FEICOM dans cette initiative n’a pas été rendu public, de même que le pouvoir du FEICOM sur la décision et le choix final de l’opportunité d’octroi d’un financement. Autre zone d’ombre pour le moment pour me public, les montants exacts transférés et les conditions d’éligibilité aux financements.

Nécessité pour le FEICOM de s’adapter
Depuis qu’il a été rendu opérationnel en 1977, la structure peut citer plusieurs initiatives qu’elle a soutenues, mais concrètement les résultats restent mitigés. Le côté parapublique du FEICOM ne le prédispose pas à être véritablement au cœur du développement de collectivités décentralisées. L’institution ne s’est dotée d’un code d’intervention que très récemment, et toutes les responsables des exécutifs communaux ne le maîtrisent pas encore bien. Le FEICOM reste une structure parapublique qui est soutenu par les subventions de l’Etat. Ses dirigeants successifs jusqu’à l’ancien directeur Gérard Odong Ndong, n’ont pas réussi à en faire le véritable banquier des communes, comme l’avaient envisagé ses concepteurs.

Il reste par exemple difficile de comprendre que dans un pays au fort potentiel agricole, que des projets concrets en vue de l’amélioration de la productivité des zones les plus fertiles n’aient pas été envisagés et si oui, menés à terme. Certains observateurs estiment que la combinaison du manque d’expérience de la majorité des responsables communaux, le côté administratif du FEICOM et les exigences relatives au décaissement des fonds PPTE risque de rendre le projet du guichet PPTE auprès du FEICOM irréalisable. Le problème se pose déjà avec les ministères où les cadres formés à la gestion budgétaire ont eu du mal à consommer des crédits PPTE, à plus forte raison les maires dont certains n’ont parfois aucune connaissance des outils de gestion moderne.

Source: http://www.journalducameroun.com