Pour se rapprocher des Objectifs de développement pour le Millénaire, le Cameroun a élaboré sa stratégie de réduction de la pauvreté dès l’année 2003. Dans cette stratégie, une place importante est accordée à la facilitation de l’accès aux principaux services sociaux de base, dont l’éducation universelle pour tous les enfants de moins de 16 ans, la santé, l’eau potable, etc. Il est clair que l’atteinte de ces objectifs ne se réalisera pas sans une augmentation quantitative et qualitative des infrastructures qui sous-tendent la fourniture de ces services.

Or la mise en place de ces infrastructures fait intervenir différents acteurs et passe par l’élaboration de projets financés par des moyens provenant de sources diverses.

Pour cela, l’État utilise certains instruments de financement parmi lesquels : le Budget d’Investissement Public (BIP) qui est l’un des plus importants et transite essentiellement par les services déconcentrés de l’État ; le Fonds spécial d’Équipement et d’Intervention Intercommunal (FEICOM) qui passe par les collectivités territoriales décentralisées ; le Programme National de Développement Participatif (PNDP) dont les fonds vont prioritairement aux communes rurales et aux communautés ; le système de fiscalisation décentralisé dont les redevances forestières annuelles qui sont réparties entre l’État, les communes et communautés riveraines des massifs forestiers exploités. Par ses canaux, l’État camerounais a investi et continue d’investir chaque année d’importantes sommes d’argent dans la réalisation de différents types d’infrastructures de base. Or, en termes de résultat sur le terrain, la situation est très préoccupante. On observe un nombre impressionnant de chantiers abandonnés, mal exécutés ou non fonctionnels et une inadéquation flagrante entre la qualité, la taille de l’ouvrage et les moyens investis.

L’observateur, même distrait, en vient à se demander ce qui ne va pas dans la réalisation des infrastructures de base. En s’appuyant sur cinq études de cas, le présent document analyse les mécanismes de sélection et d’exécution des projets financés, examine le lien entre les réalisations et les besoins de la population bénéficiaire mais aussi entre les moyens investis et la qualité du produit final. Le document soulève les problèmes de gouvernance qui se posent dans l’utilisation des ressources publiques ; toutefois il met en exergue des expériences positives qui laissent envisager un avenir meilleur et méritent d’être valorisées.

Le chapitre 1 présente les politiques et autres dispositifs qui organisent la mise en oeuvre des infrastructures de base et il décrit le cadre et les mécanismes de financement. Les chapitres 2 et 3 présentent et analysent des cas pratiques de réalisation des infrastructures dans le secteur de l’éducation grâce à un financement du BIP. Le chapitre 4 se penche sur un cas de juxtaposition des institutions de l’État à travers le financement d’un axe routier à Bikok, ce qui engendre des doublons. Le chapitre 5 traite de la création d’infrastructures marchandes par des communautés grâce aux moyens fournis par le PNDP, mais en imposant tout un processus de « remodèlement » de l’organisation sociale. Le chapitre 6 présente des réalisations faites par les communes et des communautés grâce aux ressources générées par des redevances forestières. Enfin, le chapitre 7 brosse une synthèse et analyse la problématique pour en tirer des leçons et proposer quelques pistes d’amélioration.

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