En matière d’électrification rurale, il est désormais acquis que les projets doivent s’opérer en coordination avec des investissements productifs (irrigation, transformation de produits agricoles, activités économiques diverses) et sociaux (santé, éducation, eau potable, etc.), effectifs ou à réaliser, au-delà des seules demandes domestiques en énergie. Il en va de la rentabilité des projets d’électrification rurale par ailleurs structurellement déficitaires – et donc de l’optimisation des subventions publiques, mais aussi et surtout de l’amélioration de l’impact économique et social de l’électrification rurale sur le développement.
La double question de la sélection et de la hiérarchisation des localités à électrifier, jusqu’ici traitée à la légère dans les modèles conventionnels de planification qui reposent pourtant sur des approches itératives et heuristiques, devient de ce fait une problématique essentielle.
Le présent article propose une démarche de sélection des localités basée sur l’introduction d’un paramètre clé, l’Indicateur de Potentiel de Développement (IPD) inspiré de l’Indice de Développement Humain (IDH), et l’identification conséquente de localités considérées comme étant des « Pôles de développement » à l’échelle d’un territoire donné. Ces pôles sont ensuite hiérarchisés suivant une logique qui repose sur une modélisation gravitaire, dans le but de maximiser le nombre de bénéficiaires directs et indirects d’activités et services à fort potentiels économiques et sociaux, alimentés par une source d’énergie moderne : centres de santé, écoles, activités productives, marchés, etc. La réflexion se situant à l’étape de la planification des projets, il ne s’agit ici que d’une démarche prospective, visant à renforcer l’impact potentiel de l’électrification rurale sur le développement économique et social, dès cette phase d’identification des investissements prioritaires. Les résultats permettent de remettre en question plusieurs pratiques et intuitions erronées qui ont souvent, à tort, gouverné la sélection et la hiérarchisation des localités à électrifier.
L’article s’appuie essentiellement sur un travail de capitalisation de projets réalisés par le bureau d’études français Innovation Energie Développement (IED, www.ied-sa.fr) en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, et plus spécifiquement sur les résultats du projet IMPROVES-RE (Improving Economic and Social Impact of Rural Electrification, www.improves-re.com), mis en œuvre sous la coordination de IED au Burkina Faso, au Cameroun, au Mali et au Niger entre avril 2005 et mars 2007.
Samuel WATCHUENG,
Directeur Stratégie et Développement, IED (www.ied-sa.fr) Président de CODEA (www.codea-france.org)
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