L’Association « Communes et Développement en Afrique », CODEA, www.codea-france.org, a le plaisir d’annoncer le bouclage du processus de mobilisation des financements relatifs à la réalisation du projet d’approvisionnement en eau potable, assainissement et hygiène (AEPAH) dans les villages Djemgheu et Chengne (Commune de Baham). En effet, à l’issue des Conseils municipaux du 5 février 2015 et du 25 mars 2015, deux délibérations autorisent le Maire de la Commune de Saint-Germain-au-Mont-D’or (SGMO), à signer d’une part la nouvelle convention de financement avec l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse (AERMC), et d’autre part à signer une nouvelle convention de maîtrise d’ouvrage déléguée de ce projet avec l’Association CODEA. Les 233.045€ nouvellement accordés par l’AERMC permettent en effet d’assurer le bouclage du budget global du projet, qui s’établit désormais à 751.942€, soit près de 493.241.618 FCFA.

Des modifications apportées à la configuration initiale du projet, dont la réalisation a démarré fin 2012…

Le projet AEPAH a démarré en novembre 2012, sur la base d’un budget global initial de 586.932€, qui devait être mobilisé comme suit :

  • 249.635€, apportés par le Ministère français des Affaires Etrangères (MAE),
  • 136.469 €, soit 89.517.796 FCFA apportés par la Commune de Baham, en plus de la prise en charge des taxes et droits de douanes
  • 99.999€ apportés par la Commune de Saint-Germain-au-Mont-D’or,
  • 25.202€ apportés par l’Association CODEA
  • 75.627€ apportés par les bénéficiaires.

Dans sa configuration initiale, le projet supposait une disponibilité aisée de l’eau sur le Plateau de Chengne situé à plus de 1800m d’altitude, et à partir duquel plusieurs rivières irrigant la Commune semblent prendre leurs sources. Le projet envisageait alors la mobilisation sans grande difficulté de la ressource en eau par la réalisation d’un forage de faible profondeur, pour une production minimale de l’ordre de 10m3/h. Par ailleurs, le projet privilégiait l’installation de bornes fontaines (40 au total, dont 19 à Djemgheu et 21 à Chengne), contre seulement quelques branchements privés (75 au total), pour assurer la desserte des populations en eau potable.  Enfin, la mise en œuvre du projet supposait une forte participation bénévole des populations aux côtés d’une entreprise de travaux, pour la réalisation des tranchées nécessaires à la pose des conduites.

Les difficultés à trouver l’eau, les besoins des populations pour davantage de branchements privés, le caractère peu réaliste du bénévolat, et une reconfiguration du projet…

Tout d’abord, c’est la recherche de l’eau sur le plateau de Chengne qui va dès le démarrage du projet, nécessiter la réalisation d’études hydrogéologiques conséquentes pour garantir la mobilisation de la ressource en eau. Ces travaux préliminaires vont heureusement être pris en charge par l’AERMC grâce à un cofinancement complémentaire. Cette contribution additionnelle de l’AERMC sera de 92.164 € (80%) sur un budget global de 115.205€. Sur recommandation de l’AERMC, le budget de cette phase préliminaire va également être affecté à la réalisation d’études prospectives sur la demande en eau, sur les modalités de gestion et de tarification du service public de l’eau et de l’assainissement dans le contexte des deux villages ciblés. Les résultats de ces différentes études préalables vont nettement impacter sur la configuration du projet.

Les études hydrogéologiques vont en effet conduire, à la suite de plusieurs sondages et prospections, réalisés entre le 25 novembre 2012 et le 22 avril 2013, à l’aménagement par l’entreprise GEOFOR de trois forages positifs (2m3/h sur le plateau de Gouégoua situé à proximité, 4.8m3/h dans la cours de la Chefferie de Chengne, et 9m3/h dans la concession d’un particulier sur les hauteurs de Chengne). Par la suite, les résultats de l’étude prévisionnelle de la demande en eau, menée dans la foulée sur la base d’enquêtes auprès des populations, vont attester d’un intérêt, doublé d’une capacité à payer, plus marqué pour des branchements privés que pour des bornes fontaines, destinées exclusivement aux plus démunis.

Ces deux considérations, à savoir la localisation et les caractéristiques techniques des forages positifs, ainsi que la nécessité de prévoir plus de branchements privés, vont ainsi conduire à une reconfiguration entière du réseau de distribution de l’eau, avec une incidence conséquente sur le budget global du projet.

En l’occurrence, le réseau de transport et de distribution de l’eau potable, en aval des deux forages positifs retenus (ceux de 9m3/h et de 4.8m3/h), nécessite désormais près de 40 kilomètres de canalisation allant du φ50 au φ160, en PVC à joint automatique et en PEHD pour une couverture optimale du territoire et la réalisation d’un minimum de 200 branchements privés. Ce sont désormais uniquement 20 bornes fontaines, stratégiquement disséminés sur le territoire des deux Villages, qui seront aménagées pour garantir un accès pour tous à l’eau potable, notamment pour les populations les plus démunies.

Enfin, il a été convenu, au regard des expériences du passé, qu’il serait plus pertinent de confier la réalisation des tranchées à des professionnels plutôt qu’aux populations, dans le cadre des marchés de travaux qui seraient passés en appels d’offres.

Un important gap financier à combler pour boucler le budget

Dans le cadre d’un avenant au projet d’électrification DER Hauts-Plateaux négocié avec la Délégation de l’Union Européenne fin 2013, des extensions du réseau de distribution électrique ont été prévues pour l’alimentation en électricité des deux forages retenus, permettant ainsi une synergie entre la problématique de l’accès à l’eau et celle de l’électrification, sans impact sur les coûts d’investissement du projet d’eau potable.

Cependant,  la prise en compte de l’ensemble des autres changements a conduit à un réaménagement du budget du projet, laissant désormais apparaître un important gap financier à combler. Dans un premier temps, et pour ne pas freiner le chantier en cours, il a été décidé d’affecter 52.4% du financement mobilisé auprès du MAE à l’acquisition de la tuyauterie et des accessoires pour les réseaux de distribution, et de provisionner le reste, soit 47.6%, pour enclencher les travaux de génie civil (notamment les réservoirs de stockage de l’eau et leurs locaux techniques), et pour l’acquisition des fournitures complémentaires (stabilisateurs aval, robinetteries, etc.). Un marché de travaux, comprenant une tranche ferme correspondant au budget disponible et une tranche conditionnelle représentant le gap à combler a ainsi été signé avec le Groupement d’entreprises camerounaises CICB-LACAPES fin décembre 2013, à l’issue d’un appel d’offres ouvert lancé par l’Association CODEA. Un second marché de fourniture, a ensuite été passé avec l’entreprise algérienne CHIALI Tubes, retenue à l’issue d’un appel d’offres international, pour la fourniture des tuyauteries et accessoires.

Une recherche de fonds complémentaires dans un contexte marqué par des changements politiques et institutionnels au niveau local, à la fois au Cameroun et en France…

Le nouvel exécutif municipal de Baham, fraichement installé fin 2013 à la suite des élections municipales de fin septembre 2013, n’a pas souhaité reconduire le principe de cofinancement du projet par la Commune de Baham, tel qu’initialement prévu lors du montage du projet deux années plus tôt. Avec comme conséquence, la nécessité pour CODEA de rechercher un minimum de 136.469€ supplémentaires pour boucler le budget du projet, en complément des besoins financiers conséquents à la reconfiguration technique du projet telle qu’évoquée ci-dessus.

Du côté de la Mairie de Saint-Germain-au-Mont-D’or, partenaire de coopération décentralisée de la Ville de Baham depuis 2010, les élections municipales intervenues en France fin mars 2014, ont eu pour conséquence un changement de majorité au sein du Conseil municipal. Bien que le nouvel exécutif ait marqué son intérêt et sa ferme volonté de poursuivre les projets en cours, il a clairement exprimé sa réelle réticence à cofinancer de tels investissements avec des ressources prélevées sur le budget de la Commune. D’où un gap supplémentaire net de 99.999€ qui vient s’ajouter au désistement de la Commune de Baham et aux conséquences financières de la reconfiguration technique du projet.

Le soutien supplémentaire de l’Agence de l’Eau, exceptionnel et qui tombe à pic…

Dès janvier 2014, une demande de cofinancement de la phase de travaux a été introduite  auprès de l’AERMC, avec le soutien de la Commune de SGMO, avant même la tenue des élections municipales françaises. Afin de réduire son poids dans le budget du projet, la composante « assainissement » a également été réaménagée. Elle a été convertie en actions pilotes de démonstrations, avec un accent sur la formation d’artisans locaux, chargés par la suite de réaliser ces ouvrages de références pour le compte direct des particuliers.

C’est le projet ainsi reconfiguré, intégrant l’ensemble des résultats des études de faisabilité qui a été retenu pour un cofinancement supplémentaire par l’AERMC de 233.045€, en sa session de juin 2014. Un financement d’autant plus exceptionnel qu’il exonère la Commune de SGMO de la contribution obligatoire de 5% requise par les règles de financement de l’AERMC. Cette exception à la règle des 5% a été entérinée par l’AERMC en janvier 2015, ouvrant la voie à la mise en place de la nouvelle convention de financement pour laquelle deux délibérations viennent donc d’être prises en Conseil municipal, autorisant le Maire de la Commune de Saint-Germain-au-Mont-D’or, à signer d’une part la nouvelle convention de financement avec l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse, et d’autre part à signer une nouvelle convention de maîtrise d’ouvrage déléguée de ce projet avec l’Association CODEA.

Ce financement additionnel de l’AERMC permet ainsi de sécuriser la prise en charge des travaux de pose des réseaux de distribution, l’acquisition des équipements techniques pour les forages et les réservoirs, l’acquisition des compteurs et des accessoires pour les bornes fontaines et les branchements privés, ainsi que la réalisation des blocs sanitaires avec toilettes sèches.

Au total, le projet AEPAH de Djemgheu et Chengne nécessitera donc un budget global de 751.942€ (près de 493.241.618 FCFA), dont 597.398€ (79,4%) mobilisés auprès de différents instruments de la coopération française : 54.4% AERMC, 41.8% MAE, et 3.8% SGMO.

Les populations bénéficiaires du projet contribueront le moment venu au financement des branchements privés qui leurs seront directement destinés pour un budget prévisionnel de 25.916€ (environ 17 millions de FCFA), ainsi qu’à la réalisation directe des ouvrages d’assainissement individuels associés.

L’Etat camerounais apporte également une contribution importante pour la mise en oeuvre du projet. Il prend en charge l’ensemble des taxes et droits de douanes sur le matériel importé (tuyauteries et accessoires, pompes, compteurs et autres accessoires de branchements, etc.), à travers la Commune de Baham. Ce cofinancement de l’Etat camerounais a déjà été rendu effectif en 2014, grâce à la prise en charge, par le biais du Ministère des Finances, des taxes et droits de douanes relatifs au dédouanement des 40 km de tuyauteries et accessoires expédiés par le fournisseur algérien (CHIALI Tubes) retenu à la suite d’un appel d’offres international lancé par CODEA. Ce sont ainsi au total 5 containers de 40 pieds chacun, qui ont été déchargés dans la Maison communautaire de Djemgheu le 19 mai 2014. L’Etat camerounais sera une fois encore sollicité en 2015 pour le dédouanement des commandes complémentaires de matériels divers de pompage et réseaux.

La perspective prochaine de la mise en place d’un service public marchand piloté par la Commune de Baham, sous la régulation d’un « Conseil de sages »…

Les travaux de construction du réservoir circulaire de tête de 170m3, de la bâche de mélange de 60m3, et de la bâche de décharge casse-pression de 20m3 sont quasiment achevés. Ces trois réservoirs d’une capacité totale de 250.000 litres d’eau seront bientôt complétés par la réhabilitation du réservoir Scanwater de Chengne (50m3), et la construction d’un réservoir de 70m3 à Djemgheu, en réaménagement de l’installation de filtre à sable ouvert qui alimente l’actuel réseau de Djemgheu.

Malgré de nombreux retards observés sur le chantier du fait de difficultés au sein du Groupement d’entreprises CICB-LACAPES chargé des travaux et retenu à la suite d’un appel d’offres national, les travaux ont repris plus conséquemment sur le terrain ce mois d’avril 2015, pour une mise en service escomptée avant la fin de cette année 2015.

Le système d’adduction en eau potable qui alimentera Djemgheu et Chengne disposera ainsi d’une capacité totale de stockage de 370.000 litres d’eaux produits par les deux forages. Il est prévu que la gestion de l’eau se fasse dans le cadre d’un contrat d’affermage qui sera signé entre la Commune de Baham (Autorité concédante), représentée par une Régie autonome de l’Eau et de l’Assainissement, et un opérateur privé local (fermier), qui sera recruté sur appel d’offres et sera rémunéré par un prélèvement sur le tarif de l’eau, sur la base de critères de performances à mettre en place.

Le contrôle et la régulation du service public de l’eau sera assuré par une structure indépendante également à mettre en place, et qui sera animée par les autorités traditionnelles et les élites des deux villages. Ce régulateur communautaire traitera notamment des problématiques liées à la qualité du service, aux questions tarifaires, et aux extensions éventuelles du service.

Maîtrise d’oeuvre du Projet AEPAH-Baham

EED Sarl – BP 16109 Yaoundé – Cameroun

Tél. +237 222 20 71 25

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