Le présent article constitue une contribution à la documentation des expériences DEL en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Sachant que l’approche DEL y est faiblement mise en œuvre, nous souhaitons mettre en lumière quelques cas afin de les partager et encourager,  par la même occasion, une large application au Cameroun.

Entre 2004 et 2006, avec l’appui financier de la coopération allemande et l’intervention technique d’une équipe de consultant/es locaux et étrangers, 5 communes[1] Camerounaises ont expérimenté la mise en œuvre de l’approche DEL dans l’élaboration de leur stratégie de développement local. Elles ont procédé par deux temps forts.

 

1- La planification globale communale : Répondre à la question « Quelle direction prendre pour le développement local? »

  • La formation des élus locaux en matière de management participatif et en ce qui concerne la connaissance et l’application du processus DEL

L’implémentation de l’approche DEL dans les 5 communes a débuté par une formation des élus locaux (Maires et adjoints + conseillers municipaux) et du personnel des collectivités locales. Il aura fallu environ une  semaine pour la formation et 3 à 4 semaines en moyenne pour la collecte des données, pour réaliser  cette activité au sein de chacune des 5 communes. Les élus et le personnel de la mairie étaient accompagnés dans cette phase par les  partenaires du développement (ONG et Consultants).

Grâce à cette formation préalable au management participatif et aux techniques participatives d’une part et sur le processus DEL de l’autre, les conseillers municipaux ont pu procéder à l’analyse des ressources et des besoins de leurs localités respectives. Chaque conseiller municipal entretint des séances de discussion avec les populations dans son aire de couverture et recueillit une masse importante d’informations qui ont été compilées avec celles des autres afin de constituer une base de données utiles à l’élaboration du plan de développement. Cette démarche et cette base de données pourraient-être considérées comme l’étude monographique qui figure comme outil du processus DEL.

  • L’analyse institutionnelle de la commune  afin d’évaluer sa capacité à conduire le développement économique local

Cette autre activité menée par les consultants avec les conseillers municipaux s’est étalée sur une journée en moyenne afin de mieux cerner le système des acteurs du développement local au sein de chacune des communes. Il a été question d’examiner l’état des forces et faiblesses de la commune en matière d’organisation interne, de recherche des fonds et surtout le niveau et la qualité de ses relations avec les acteurs du secteur public et privé, etc.  Cet exercice aura permis à chacune des 5 communes d’identifier ses priorités en matière de renforcement des capacités et de partenariat à consolider.

  • La planification stratégique du développement de la commune

Avec en perspective, un horizon de 5 ans, les conseillers municipaux de nos 5 communes ont élaboré leur plan stratégique de développement local. A partir des bases de données constituées de façon participative avec les populations, les plans stratégiques ont été élaborées pendant 3 à 5 jours, au sein des commissions communales ((1) Economie et Finances, (2) Santé et Affaires sociales, (3) Agriculture et Ressources naturelles, (4) Infrastructures et Matériel), avec le concours des autorités administratives, des services déconcentrés de l’Etat (Délégation des ministères : Agriculture, Affaires sociales, etc.) et des associations de jeunes et femmes locales. Les plans stratégiques des différentes commissions ayant été harmonisés, les communes obtenaient ainsi leurs plans stratégiques.

2- L’application du processus DEL : Comment assurer le développement économique au sein de la localité? »

  • L’étude économique par filière prioritaire pour déterminer le réel potentiel économique de la localité

Dans le cadre du développement économique « strictu sensu » des 5 communes, des études économiques ont été faites par des équipes techniques spécialisées pour identifier des filières économiques qui peuvent être porteuses, rentables et sur lesquelles il faut s’investir en priorité. Le choix des pôles économiques portait sur des critères tels que : le nombre d’acteurs dans le secteur, le potentiel en création de richesse, le potentiel en création d’emploi, l’avantage concurrentiel de la commune, la possibilité d’attirer des investisseurs pour ce secteur, etc. Le potentiel économique et les pôles de développement économique de chacune des 5 communes étaient ainsi définis.

  • La planification opérationnelle par filière avec les différents intervenants dans la chaîne de valeur

Avec le pôle de développement économique local, les conseils municipaux pouvaient par la suite procéder à une planification opérationnelle des activités de développement à entreprendre par filière prioritaire identifiée. En guise d’illustration, la transformation de la pomme de terre faisait partie des filières sélectionnées dans la commune de Kumbo, tout comme la transformation du cacao dans la commune de Bot-Makak.

A ce niveau, ont été associés tous les acteurs des filières respectives pour procéder à une planification des activités avec identification du rôle de chacun et des ressources nécessaires pour l’exécution des activités. Les périodes et méthodes d’évaluation étaient aussi déterminées lors de ces séances.

  • La mise en place d’un comité représentatif de suivi-évaluation du plan d’actions sous la coordination de l’exécutif communal

Au cours de la séance de planification opérationnelle des activités, au sein de chacune des communes, un comité de suivi-évaluation des plans de développement économique local par filière était mis sur pied sous la coordination de l’exécutif communal (Maire et ses adjoint/es). Ce comité a travaillé avec l’exécutif communal pour la mobilisation des ressources, l’engagement des différents partenaires dans le projet, l’organisation et le suivi des travaux.

Cette expérience de 5 communes au Cameroun a connu des réussites : attraction des investissements, création des emplois, augmentation des recettes communales, etc.  Le processus appliqué a aussi des challenges, notamment : un temps requis pour la planification participative qui est trop long, des ressources importantes à investir dans le processus de planification, l’insuffisance d’experts techniques pour explorer toutes les filières, etc.  Toutefois, vu les résultats obtenus, il serait intéressant  de se servir de cette expérience comme base d’une réplication générale à  d’autres communes dans le pays. Il n’est certainement pas un  modèle parfait de mise en œuvre du processus DEL, mais cette démarche pourrait constituer un pas considérable vers une application réussie et fructueuse du DEL au Cameroun.


[1] (1) Bot-Makak (Département du Nyong-et-Kellé, Région du Centre) ; (2) Kumbo (Département du Bui, Région du Nord-ouest) ; (3) Soa (Département de la Mefou-et-Afamba, Région du Centre) ; (4) Zoétélé (Département du Dja-et-Lobo, Région du Sud) ; (5) Wum (Département de Menchum, Région du Nord-ouest)

 

Sources : http://ledna.org/fr/blog/partager-l%E2%80%99exp%C3%A9rience-du-processus-del-au-sein-de-5-communes-pour-encourager-une-large?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A%20LednaBlogs-fr%20%28Ledna%20-%20French%29