En date du 16 novembre 2013, s’est tenue une séance de restitution de plusieurs études conduites dans le cadre du projet DER Hauts-Plateaux par le maître d’œuvre EED. Plusieurs personnalités ont fait le déplacement vers les bureaux du projet au centre multifonctionnel de Baham où se sont déroulés les travaux. Il s’agissait des élus locaux des communes concernées (Baham, Bamendjou, Bangou et Batié), des services déconcentrés de l’Etat (MINADER, MINTRANSPORT, MINPMEESA, MINDUH, MINTOURISME, MINEE), des organisations syndicales et corporations de travailleurs (CHART, RECOSAF) intéressés par les thématiques ou encore des représentants du mouvement des CVUC.
A l’ordre du jour, la restitution de deux études sectorielles menées à l’échelle du Département :
- Etude de valorisation de l’électrification rurale dans le cadre des filières agropastorales, artisanales et touristiques dans les Hauts-Plateaux ;
- Etude portant sur l’amélioration de la mobilité rurale dans les Hauts-Plateaux ;
- Présentation du Syndicat Intercommunal des Hauts-Plateaux (SIHPLATEAUX).
L’objectif poursuivi était de partager les conclusions de ces études avec les quatre communes du Département réunies aujourd’hui dans le cadre du SIHPLATEAUX. Celles-ci pourraient alors assurer collectivement les investissements exigés pour améliorer significativement les conditions de vie des populations rurales dans les secteurs concernés. D’où l’intérêt d’associer massivement les partenaires du SIHPLATEAUX au premier rang desquels l’Etat, principal garant des transferts de compétences et de ressources dans le cadre de la mise en œuvre de la décentralisation.
C’est le M. NKONTCHOU Pierre-Marie, Chef du projet DER Hauts-Plateaux qui a conduit la séance de restitution avec l’assistance toute particulière des consultants retenus par le maître d’œuvre pour mener les études. La feuille de présence est ci-jointe.
Dans son propos liminaire, le Chef de projet a tout d’abord tenu à souhaiter la bienvenue aux participants avant de faire une brève présentation du Projet DER hauts-Plateaux. Il a ainsi présenté le projet ainsi que son montage inédit qui mettait en étroite coordination, la réalisation des infrastructures électriques prioritaires avec des investissements socioéconomiques tout aussi importants et, l’amélioration de la gouvernance locale de l’électricité.
Selon le planning annoncé, le Chef de projet a présenté l’état d’avancement de l’étude de valorisation de l’électrification rurale dans le cadre des filières agropastorales tandis que les filières artisanales et touristiques dans les Hauts-Plateaux ont été présentées par Mlle KENMOGNE Olivia, la consultante ayant conduit l’étude dans ces secteurs.
Selon le chef de projet, l’étude des filières agro-pastorales en vue de leur valorisation par l’usage de l’électricité compte 2 étapes dont la première a permis d’identifier trois pistes de valorisation : la conversion, la valorisation, l’innovation concernant les outils de production que la production elle-même. Le chef de projet a étayé son propos avec divers exemples à la pertinence avérée. Parlant de conversion, il a fait référence à l’irrigation par le biais de motopompes électriques en remplacement de celles équipées d’un moteur à gasoil. Concernant la modernisation, M. NKONTCHOU a décrit de nouveaux systèmes électriques d’arrosage plus efficace et plus aisé que l’arrosage manuel ou encore de nouvelles techniques d’abattage du bétail. En matière d’innovation, on retient de l’intervenant les possibilités d’introduction dans le Département, de nouveaux modes de transformation des produits agricoles, l’introduction des unités de fabrication des aliments pour la volaille et de fabrication de la farine de manioc pour la pâtisserie en substitution de la farine de blé importée et plus chère.
L’assistance n’a bien évidemment pas été avare en question. On retiendra parmi celles-ci :
- On a comme l’impression que cette composante traite davantage des questions de transformation, et pas de production. Pourquoi cette raison, sachant qu’il faut produire avant de transformer ? Réponse : L’étude des filières agro-économiques s’intéresse davantage aux équipements électriques utilisés dans les filières et chaînes de valeurs concernées pour améliorer les process et la rentabilité économique des activités. Il est donc question de s’intéresser aux filières agro-économiques, en lien avec l’usage productif de l’électricité ; les activités du projet étant structurées autour de l’accès à l’énergie électrique. Ainsi, pour ce qui est de l’étape de production des produits agricoles notamment, l’usage des motopompes hydrauliques à moteurs électriques est d’intérêt, mais pas l’acquisition des produits phytosanitaires par exemple.
- Le projet DER Hauts-Plateaux financera-t-il l’ensemble des activités qui feront parties des filières retenues à l’issue de l’étude des filières agro-économiques ? Réponse : Non, il ne peut garantir que le financement d’un niveau d’activités correspondant au budget alloué à la question. Le MINADER par exemple entend également apporter des financements supplémentaires.
- Le projet DER Hauts-Plateaux dépend-t-il de AES-Sonel ou pas ? Cela, quand on observe que les réseaux nouvellement construits sont raccordés à ceux de AES-Sonel. Réponse : Non, le Projet DER Hauts-Plateaux est indépendant, même si dans sa mise en œuvre, il existe une collaboration réelle avec AES-Sonel. Il faut comprendre deux choses essentielles : Premièrement, les Hauts-Plateaux sont inclus dans la concession AES-Sonel, et ce dernier est l’opérateur qui a le droit d’assurer la distribution de l’énergie électrique à l’échelle des Communes du département. Aussi, il faut dire au-delà de ce qui précède que dans le contexte des Hauts-Plateaux, il est intéressant au moins d’un point de vue économique pour les bénéficiaires d’être raccordés au réseau de AES-Sonel pour bénéficier des coûts relativement abordables qui permettent entre autres notamment aux ménages d’une consommation mensuelle moyenne de moins de 110 kWh, de payer l’unité consommée à 50 FCFA ; les coûts auraient autrement été relativement plus élevés.
La valorisation de l’électrification rurale dans les filières touristiques et artisanales telle que présentée par Mlle KENMOGNE Olivia s’est structurée autour de :
L’objectif général du volet VER dans ces filières, la méthodologie empruntée pour guider l’étude à ce niveau (phase documentaire), la présentation de l’existant (phase diagnostic) et les perspectives envisageables.
L’étude portant sur l’amélioration de la mobilité rurale dans le Département des Hauts-Plateaux a été présentée par Mlle. TOUKAM Nadège, la consultante ayant mené l’étude. La présentation s’est structurée autour de certains points jugés déterminants :
- L’objectif de l’étude. Il s’agissait de mettre sur pied un plan d’action à l’intention des municipalités devant faciliter l’accès aux services ruraux, aux marchés locaux et l’évacuation des produits agricoles présents dans les pôles ; ceci grâce au développement des infrastructures et services de transport entre ces pôles et leurs hinterlands.
- La méthodologie adoptée. Elle se subdivisait en 3 grands moments successifs qui ont guidé l’étude : la phase de cadrage, la phase de collecte des données ainsi que celle de leur analyse.
- Les résultats de l’étude. Ceux-ci ont mis en exergue les principaux moyens de transport, le mauvais état des routes, le coût des transports, l’accessibilité des infrastructures, les pistes prioritaires à aménager, le programme d’investissements prioritaires
Plusieurs questions ont pris le relai de la présentation de Mlle TOUKAM. Mme MEFIRE Elise Désirée, chef de service urbanisme à la Délégation du Développement Urbain et de l’Habitat a soulevé une préoccupation qui était propre à la majorité des participants présents à l’atelier. Selon elle, le lien entre la mobilité rurale et l’électrification rurale n’était pas perceptible. M. NKONTCHOU Pierre-Marie et Mlle TOUKAM Nadège ont souligné que le pôle de développement qui structure toute la logique de ce projet implique une certaine concentration de la demande en transport à l’échelle de chaque commune, entre les quartiers de l’hinterland et les pôles. Autrement dit, une fois les 59 pôles de développement électrifiés, un impact assez significatif se fera ressentir au niveau des déplacements des personnes et des biens. a ajouté que si les déplacements entre les localités de l’hinterland et les pôles s’avèrent difficiles, cela remettra en question les hypothèses d’attraction. D’où l’importance de se pencher sur les questions de mobilité rurale (transport et accessibilité effective des services ruraux, marchés et bassins de productions agricoles) facteur important de la réduction de la pauvreté dans le Département des Hauts-Plateaux.
M. KAMDEM Géraldin, cadre à la délégation du transport dans le Département des Hauts-Plateaux s’est préoccupé des chiffres décrivant l’étendue du parc de motos-taxis qui ne correspondaient pas à ceux détenus par son service. Une préoccupation également partagé par M. du syndicat des transporteurs. A titre de réponse, Mme TOUKAM Nadège a expliqué au représentant du transport que les différents chiffres avancés en termes de motos-taxis sont approximatifs. Etant donné que les tentatives d’enregistrement initiées par les autorités (mairies et Délégation Départementale du Transport) se sont heurtées à l’opposition des conducteurs de moto-taxi, il nous a semblé utile d’obtenir des estimations à la fois de la Délégation Départementale du Transport et des présidents de syndicat de moto-taximen. Les informations obtenues des deux sources nous donnent en fin de compte une estimation même à titre indicatif du parc de motos-taxis dans le Département.
Le Délégué Départemental de l’Agriculture et du Développement Rural (DDADER), Monsieur NGOME EBENE Jean Pierre s’est intéressé davantage sur l’existence des pistes prioritaires agricoles à aménager. Mlle TOUKAM Nadège révèle que l’agriculture (bassins de productions agricoles) était l’un des critères de l’accessibilité spatiale polarisée adopté pour définir les pistes prioritaires ; un ensemble de pistes agricoles a été défini dans chaque commune du Département.
La dernière présentation portait sur le Syndicat Intercommunal des Hauts-Plateaux (SIHPLATEAUX) qui était un établissement public administratif issu du regroupement des quatre communes du Département. Les Consultants MM. BOUBOU Pierre et TCHEGHO Willy ont rappelé les conditions ayant entouré la naissance du SIHPLATEAUX. Elles tenaient principalement au Plan Directeur d’Electrification Rurale du Département qui insiste sur la nécessité d’une action intercommunale pour achever l’électrification rurale des Hauts-Plateaux à l’horizon 2021 et, au projet DER Hauts-Plateaux qui insiste sur la nécessité d’une structure intercommunale pérenne pour poursuivre cet objectif dès la fin du programme d’investissements prioritaires prévu pour 2014.
Les consultants ont rappelé le cadre législatif qui était fortement incitatif aux regroupements intercommunaux et fournissait plusieurs orientations qui avait permis de créer et d’organiser le SIHPLATEAUX. A ce propos, le syndicat en question était constitué de deux instances : le conseil syndical (organe délibérant) et le président du syndicat (organe exécutif) qui fonctionnait de la même manière que les conseils et les exécutifs municipaux. Il a été cependant rappelé que le conseil syndical était constitué par chacun des 4 maires ainsi que de deux conseillers municipaux de chacune des quatre communes. Le Président du syndicat était issu du conseil syndical et son mandat lui était octroyé par ses pairs du conseil. Il était prévu la mise sur pied d’une administration syndicale devant assister le président.
S’agissant des missions du syndicat, les consultants ont rappelé que celles-ci étaient fondées sur les massifs transferts de compétences en direction des collectivités territoriales notamment, la contribution à l’électrification des zones nécessiteuses, la gestion des réseaux d’éclairage public, la promotion des activités agricoles, pastorales artisanales et touristiques. Les différentes études conduites dans le cadre du projet devaient donc servir de canevas à l’exercice de ses compétences aujourd’hui transférés au syndicat intercommunal.
Après avoir déroulé les atouts et les perspectives qu’offraient le SIHPLATEAUX, les consultants se sont prêtés au jeu des questions et réponses.
M. SINOU Jean-Marie, délégué provincial des Petites et Moyennes Entreprises au MINPMEESA en parlant des transferts de crédits en provenance de certains ministères, s’est demandé qui en serait responsable si lesdits transferts sont effectués au bénéfice d’une commune alors que la compétence liée à ce transfert de ressource est aujourd’hui détenue par le SIHPLATEAUX.
Tout en soulignant le caractère nominal des cartons de crédit, M. TCHEGHO Willy a rappelé que les communes ne disposent pas toujours des ressources techniques en nombre pour assurer efficacement la maîtrise d’ouvrage de certains travaux contrairement au syndicat intercommunal. De plus, il a jouté que le principe d’un regroupement était de ne plus avancer en rang dispersé. Les maires du syndicat devaient donc veiller à utiliser ses ressources transférées dans le cadre du syndicat surtout en regard des capacités supplémentaires qu’il offrait.
M. NANA Charles, 1er adjoint de la commune de Bangou s’est interrogé sur le niveau d’avancement du syndicat intercommunal. Nouvellement élu, il voulait savoir si la création du syndicat avait été entériné et, si oui qu’allait-il advenir du conseil syndical puisque les organes délibérants et exécutifs des maires avaient subi une évolution notable du fait des élections locales. M. TCHEGHO a répondu que la création officielle du syndicat était actée depuis décembre 2012 et que des exemplaires des conventions de création et de règlement intérieur du conseil syndical étaient actuellement disponibles dans chaque municipalité. Au sujet de la constitution du conseil syndical, celle-ci allait être réformée en conséquence. Les conseillers municipaux éliraient de nouveau leurs représentants au conseil syndical.
M. NANA Charles, s’est également interrogé sur l’étendue des transferts de compétences des communes vers le syndicat. Les domaines lui semblaient par trop englobant. Qu’en était-il de la marge de manœuvre des communes quand celle-ci pour désirait par exemple, mener des actions individuelles dans les domaines transférées au syndicat. Le consultant a répondu qu’en réalité la commune ne se trouve pas dessaisies au sens strict du terme de ses compétences au profit du syndicat ; elle exerce plutôt cette compétence collectivement. Une commune pouvait toujours décider d’investissements spécifiques en lien avec les missions du syndicat. Ce dernier serait cependant son interlocuteur technique privilégié pour la réalisation de ces projets. Ce serait par exemple le SIHPLATEAUX qui assurerait la maîtrise d’œuvre pour le compte de la commune concernée.
Les débats ont été inter actifs et fructueux pour toutes les parties prenantes et le Chef de projet s’est excusé du retard qu’avait accusé le début des travaux de même que du temps imparti qui ne pouvait pas couvrir l’étendue des débats. Il a néanmoins rassuré l’assistance de la disponibilité du maître d’œuvre a répondre aux sollicitations individuelles de chacun dans les bureaux du projet ou par l’entremise d’un site internet du projet administré par EED.
La séance de travail commencée à 10h30 a été levée à 13h25 par un cocktail offert par EED.
Source www.eedsarl.com