La commission de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest a organisé, le 6 décembre 2012, une session inédite au sommet Africités de Dakar avec le Conseil des collectivités Territoriales. Le thème très évocateur de cette session « Contribution des territoires au renforcement de l’intégration de l’Uemoa », en dit long sur le nouveau leadership de la Commission incarné par son président Cheikh Hadjibou Soumaré, dignement représenté par le Commissaire Augustin Tompieu-Zouo. Ce thème a été débattu par des personnalités de la sous-région appuyées par le secrétaire général de CGLU Afrique, Jean-Pierre Elong Mbassi qui a présidé en personne la séance. A ses côtés, le ministre malien chargé de la décentralisation, le président du CCT, le très charismatique François Albert Amichia, les représentants des ministres sénégalais et béninois en charge de la décentralisation et une foule impressionnante de participants.

Dans son mot d’introduction, le secrétaire général de CGLU Afrique a présenté le CCT de l’Uemoa comme une innovation majeure, une première dans l’espace africain avec toute la responsabilité qui entoure ce statut de pionner. Il s’agit d’une heureuse initiative de l’Uemoa qui, selon Jean-Pierre Elong Mbassi, fait peser sur cette organisation la responsabilité d’aller jusqu’au bout de l’expérience en associant le CCT à la définition et à la mise en oeuvre des politiques de développement, de sorte qu’il puisse contribuer efficacement à l’intégration des peuples de la sous-région. Jean-Pierre Elong Mbassi, a indiqué qu’au-delà de la fierté que suscite le CCT, il faudra tenir compte « du devoir ardent de réussite » qui incombe à l’Afrique de l’ouest dans ce domaine. Il a invité l’assistance à proposer des pistes d’action pour la consolidation du CCT.

Collectivités locales, gestionnaires de politiques publiques

Le président du CCT, le maire de Treichville et Président de l’Association des villes et communes de la Côte d’Ivoire, après avoir exprimé la reconnaissance des élus locaux de l’espace Uemoa, a  mis l’accent sur la nécessité pour les Etats d’aller à l’intégration des peuples qui passe par des mécanismes de partenariat entre les collectivités locales afin que des projets transnationaux soient mis en place pour montrer aux populations qu’elles sont membres d’une communauté qui transcende les frontières issues de la colonisation. Le président du CCT a rassuré les uns et les autres sur la diligence en cours pour rendre opérationnel le CCT dont les peuples ouest-africains attendent énormément. Pour Albert François Amichia, les collectivités locales doivent prendre toute leur place dans la quête perpétuelle du développement de l’Afrique. « Le CCT compte donc jouer pleinement un rôle moteur et prépondérant dans l’espace Uemoa pour accélérer l’intégration de nos pays mais surtout contribuer activement au renforcement de la compétitivité des activités économiques et financières de l’espace Uemoa », a souligné le président du CCT. Il a donné une dimension nouvelle au rôle des collectivités territoriales en les définissant comme « des entités autonomes de mise en oeuvre des politiques nationales de développement. Si les politiques et les stratégies sont conçues au niveau régional et national, leur implémentation se fait au niveau local. Ce qui place les collectivités territoriales au carrefour de toutes les initiatives de développement engagées au niveau national et régional, voire international ». Avec une forte conviction, le président du CCT a indiqué que les chefs d’Etat de l’Uemoa ont vu juste en créant le CCT et son bureau entend oeuvrer pour dynamiser cette organisation. Déplorant l’absence des espace infranationaux, aux villes et aux collectivités locales dans la politique économique régional, il a insisté sur la nécessité de bâtir les politiques communautaires en tenant compte des territoires.

Le leadership local de l’Uemoa

Le commissaire de l’Uemoa chargé des questions de décentralisation, délivrant le message du président de la commission, a reconnu l’émergence de plus en plus accrue des territoires dans l’espace Uemoa et leur légitime aspiration à être intégré dans les politiques et les processus de décision de l’organisation communautaire. Pour Augustin Tompieu-Zouo, il ne fait l’ombre d’aucun doute que la Commission reste convaincue que les prises de décision doivent s’étendre à tous les niveaux où les citoyens peuvent apporter leur contribution sur la base de la subsidiarité. Pour le commissaire, la création du CCT est le signal fort de la volonté des plus hautes autorités de l’Uemoa qui reconnaissent les collectivités territoriales en tant que centre de créativité, de dialogue et de développement. A travers le CCT, la Commission s’attèlera à accompagner les collectivités locales de l’espace Uemoa dans la formulation et la mise en oeuvre des mécanismes de bonne gouvernance qui contribueront à améliorer les conditions de vie de nos populations et à relever le défi de la recherche de solutions locales aux préoccupations de nos Etats. Le commissaire n’a pas manqué de reconnaitre la pertinence du niveau local occupe une position privilégié dans la satisfaction des besoins et attentes des citoyens, des communautés et des territoires. Quel bel engagement qui devrait augurer de jours meilleurs pour la vie municipale en Afrique occidentale francophone.

Un engagement unanime des partenaires

La création du CCT suscite un immense espoir dans toute la région ouest-africaine. L’ensemble des acteurs locaux ont salué cette initiative et y voient une occasion pour l’Uemoa de réaliser effectivement, au-delà de l’intégration des Etats, celle des peuples. Les médias et les acteurs de la société civile, les universitaires et autres partenaires au développement ont félicité l’organisation sous-régionale pour cette démarche qui donne des fondements plus solides aux actions des Etats.

S’inscrivant dans cette dynamique, les partenaires au développement ont sorti le grand jeu et annoncé leur volonté d’accompagner la jeune organisation dont l’équipe dirigeante a fait montre d’une efficacité remarquable. En moins de huit mois, le bureau du CCT a organisé deux assemblées générales, élaboré son budget et mis en place une feuille de route. Ce qui a permis aux partenaires de se retrouver dans cette vision et d’annoncer publiquement leur appui financier au CCT. De la coopération française aux organisations de l’ONU comme UNDCF à la coopération suisse, les intensions annoncées sont de bon augure pour cette jeune organisation qui devra compter avec les niveaux divers de décentralisation dans les différents pays de l’Uemoa.

Les états de plus en plus sensibles aux territoires

Plusieurs pays de l’espace Uemoa étaient représentés à cette session dont les résolutions permettront de renforcer les politiques publiques dans la sous-région. Le Bénin a été représenté par la Conseillère Technique à la Décentralisation du Ministre Raphaël Edou qui n’a pas pu faire le déplacement de Dakar. Irène Adam a souhaité que dans l’implication des collectivités locales, les Etats tiennent compte de la dimension genre afin de donner la chance à toutes les composantes de nos sociétés de participer au développement. Elle a mis l’accent sur les efforts du gouvernement béninois dans la promotion des territoires. Son homologue du Sénégal a reçu l’ovation du public car ce pays est le seul à avoir respecté les directives de l’approche genre dans la désignation des élus locaux au CCT. Le représentant du ministre sénégalais a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à soutenir la création d’une représentation des collectivités locales au sein de l’Union Africaine.

Source: http://www.lanouvelletribune.info