D’après la Loi sur la décentralisation (Loi n°2004/018 du 2 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes, Titre III, chapitre 1, art. 17), les communes camerounaises disposent de compétences en matière « d’éclairage des voies publiques » et de « contribution à l’électrification des zones nécessiteuses ». De plus, conformément aux dispositions de l’article 6.6 du cahier des charges du contrat cadre de concession et de licence liant l’Etat camerounais à AES-Sonel, les réseaux d’éclairage public sont exclus des biens à concéder, et sont donc la propriété des communes.

Autrement dit, en plus des questions de densification du service électrique à l’échelle de leur territoire qui constituent une problématique à part entière, l’éclairage public est une préoccupation essentielle des collectivités locales qui se situent à l’intérieur du périmètre de la concession de l’opérateur AES-Sonel. Dans cette optique, chaque commune est considérée comme un abonné à part entière, et doit établir avec AES-Sonel un contrat spécifique pour la remise en état des réseaux d’éclairage public, leur entretien et leur alimentation.

Etant donné les ressources limitées dont disposent aujourd’hui les communes rurales, on peut donc aisément comprendre pourquoi le coût du service d’éclairage public pèse énormément dans les budgets communaux, lorsque ce service n’est pas tout simplement relégué au second plan, étant donné des besoins jugés autrement plus importants.

Dans la capitale Yaoundé, sur 442 voies publiques, environ 202 rues (soit un peu moins de 50% des rues de la ville) bénéficiaient d’un éclairage de très faible qualité en 2004. De façon globale, le Cameroun comptaient 40.000 points d’éclairage public en 2004, contre 400.000 la même année en Côte d’Ivoire (Plan d’Action National Energie pour la Réduction de la Pauvreté, PANERP). Dans plusieurs municipalités, l’éclairage public peut représenter jusqu’à 50% de la facture d’électricité, et atteindre des coûts de l’ordre de 30 millions FCFA, versés mensuellement à AES SONEL. En France également, l’éclairage public coûte cher, et représente en moyenne 45% de la consommation totale d’électricité des communes.

A côté de cela, des « villes rurales » comme Baham ou Bamendjou dans les Hauts-Plateaux de l’Ouest camerounais, consacrent à peine 1% de leur budget à l’éclairage public. On imagine aisément l’étendue limitée et la faible qualité du service public actuel dans ces contextes.

Or, la première utilité de l’éclairage public est la sécurité de l’espace public. Un objectif d’autant plus important dans des zones où le service électrique est très peu densifié, et où la marche à pied et les déplacements en moto-taxis sont prépondérants. Dans les contextes ruraux où le tourisme est une source potentielle de ressources, l’éclairage public peut également servir à la mise en valeur des monuments architecturaux et historiques, traditionnels, religieux et culturels.

Dans le contexte des 4 communes du Département des Hauts-Plateaux, CODEA (www.codea-france.org) étudie actuellement l’opportunité technico-économique d’une gestion décentralisée de l’éclairage public par système solaire photovoltaïque, totalement déconnectée du réseau AES-Sonel et ce dans le cadre d’un dispositif intercommunal innovant. Ceci permettrait au-delà de l’amélioration de la qualité du service, d’alléger la facture communale d’éclairage public, de dégager par conséquent des ressources pour d’autres fins, et d’induire des effets positifs sur l’environnement global. Une initiative qui pourrait, si elle s’avère concluante (il faut notamment tenir compte des coûts d’entretien et de maintenance), pourquoi pas, être étendue à l’ensemble des communes rurales situées dans le périmètre de la concession de AES-Sonel, dans le cadre d’un programme spécifique d’accompagnement basé sur le volontariat communal. En France par exemple, les communes peuvent réaliser des Schémas Directeur d’Aménagement Lumière (SDAL), seules ou généralement dans le cadre d’un syndicat intercommunal d’électricité. Le SDAL est une démarche systématique qui répond à un certain nombre d’objectifs, dont l’optimisation des coûts de fonctionnement du patrimoine, en générant des économies tant sur les consommations d’énergie que sur les coûts de maintenance.

Le programme européen Greenlight (www.eu-greenlight.org)

Le changement climatique est l’un des défis majeurs que notre société devra relever dans les années à venir. Les engagements de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre ne peuvent être tenus sans un effort consenti par l’ensemble des organismes publics et privés européens, dans tous les secteurs de notre économie.

L’éclairage a un impact conséquent sur l’environnement. Ainsi, pour un bâtiment non résidentiel, la part de l’éclairage peut représenter jusqu’à 40% de l’électricité consommée. D’importantes économies d’énergie peuvent être réalisées. Des exemples ont montré que, dans certains cas, 30 à 50% de l’électricité servant à éclairer pouvaient être économisés à l’aide de systèmes d’éclairage performant. Dans la plupart des cas, de tels investissements sont non seulement rentables mais ils permettent également de maintenir ou d’améliorer la qualité de l’éclairage.

GreenLight est un programme qui s’inscrit dans une démarche volontaire au travers duquel les organismes privés et publics s’engagent auprès de la Commission européenne à améliorer leurs systèmes d’éclairage existants et à concevoir leurs nouvelles installations, en utilisant des systèmes d’éclairage efficients lorsque :

  • les économies d’énergie justifient l’investissement et
  • la qualité de l’éclairage est maintenue ou améliorée.