Monté avec l’assistance technique et méthodologique de CODEA, le Projet de Renforcement de l’Agriculture Familiale Intensive pour l’Auto-alimentation à Djemgheu dans la Commune de Baham (Projet RAFIA) consiste à renforcer les capacités des petits agriculteurs (essentiellement des femmes) du Village Djemgheu selon trois principaux axes : (i) la lutte contre l’appauvrissement des sols, (ii) la maîtrise des techniques culturales, (iii) la transformation des produits en vue de l’auto-alimentation. Le projet est localement porté par le Comité de Concertation du Village Djemgheu (CC Djemgheu), et sera mis en oeuvre en partenariat avec la Commune de Baham et la Délégation Départementale de l’Agriculture dans les Hauts-Plateaux.
Projet essentiellement communautaire, il cible d’abord les femmes et les jeunes filles, premières concernées par la pratique de l’agriculture traditionnelle intensive. Il implique également les hommes, responsables dans l’organisation du travail familial de la construction des haies vives qui caractérisent le paysage de bocage bamiléké et qui ont un rôle essentiel dans la lutte antiérosive : il s’agit à la fois de « haies-juridiques » et de « haies-enclos » dont l’agencement délimite des chemins de circulation du bétail des abords des cases aux pâturages communs des sommets. Ces haies freinent efficacement la course des eaux et piègent les transports solides lorsqu’elles sont horizontalement renforcées de nervures de palmiers de raphias. Par ailleurs, ces haies vives forestières brisent la vitesse des vents. Constituées d’essences à croissance rapide et reproductibles par bouturage, elles représentent une source importante de bois de chauffe, fournissent des tuteurs pour les cultures grimpantes et secondairement du fourrage pour le petit bétail.
Le titre de ce projet (RAFIA), est en réalité un « clin d’œil » symbolique au palmier RAPHIA, caractéristique des paysages des bas-fonds à Djemgheu et plus globalement dans le pays Bamiléké. A la base de la production d’une boisson très prisée localement (le vin de raphia), il est au cœur de l’aménagement de l’habitat traditionnel (décorations des murs, plafonds, toiture, etc.), de la construction des haies de clôture, et de la fabrication de paniers et différents meubles traditionnels. Elément écologique central des bas-fonds, on cultive à sa lisière de petits champs de tubercules (macabo, taro, ignames, manioc…), associées à quelques bananiers et légumes divers. Le palmier raphia souffre malheureusement de l’absence d’une politique efficace de reboisement communautaire qui n’est pas l’objet central de ce projet dédié à l’auto-alimentation.