« L’eau c’est la vie » dit « à tort » l’adage sans quoi, nombre de camerounais seraient morts ou en voie de l’être aujourd’hui, au vu des difficultés à avoir accès à l’eau courante. Eau courante d’abord, eau potable ensuite. Tel est le lot des populations des villes de Yaoundé et Douala qui ne voient que très rarement l’eau couler dans leurs robinets, contrairement aux factures de l’opérateur, la Camerounaise Des Eaux (CDE) qui elles, n’accusent jamais de retard.

Paradoxalement, ce sont des camions citernes de la Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER), l’entreprise en charge de « la gestion du patrimoine de l’Etat, biens et droits affectés au service public de l’eau potable en milieu urbain et périurbain » au Cameroun, volant au secours des populations des quartiers victimes des récurrentes pénuries d’eau dans la ville de Yaoundé. Son ambition affichée de « fournir une eau de très bonne qualité à toute la population camerounaise » s’apparente toujours plus à une chimère vue les réalités auxquelles restent confrontés de nombreux camerounais.

L’accès à de l’eau potable est presque devenu un luxe. Un petit privilège. Selon la CAMWATER, 65% de la population n’a pas encore accès à l’eau potable. Y compris dans des grandes villes telles que Yaoundé et Douala. Une réalité bien surprenante, vu les ressources en eau dont dispose le pays, même si 72% de ces ressources en eau soit réparti dans la partie méridionale du pays.

A l’occasion de la journée mondiale de l’eau, des initiatives citoyennes ayant pour but de dénoncer cette situation avaient vu le jour. L’on observait des revendications de consommateurs, rappelant au gouvernement que le droit à l’eau potable est un droit fondamental; des associations fustigeant ce qu’elles qualifiaient d’inaction du gouvernement sur cette question. Bien avant cela, des faits de société, un brin anodins, mais pourtant très révélateurs, attiraient déjà l’attention sur la situation dans l’Est du pays. Car, les difficultés d’accès à l’eau cachent bien d’autres problèmes, d’ordres sanitaires tels que les maladies hydriques qu’elles entrainent parfois.

Toutefois, bon nombre de projets sont initiés à travers le pays par plusieurs acteurs notamment l’Etat et les collectivités territoriales.

A titre d’exemple à propos de l’Etat du Cameroun, un décret du président de la République signé le 3 septembre 2013 autorise le ministre camerounais de l’Economie, à signer dans les prochains jours, avec les autorités chinoises, un accord cadre de prêt portant sur un peu plus d’un milliard de yuans, soit environ 84,7 milliards de francs CFA. Un argent principalement  destiné à financer des projets d’adduction d’eau potable dans 9 villes du Cameroun.

Aussi, afin d’inverser cette tendance, le gouvernement s’est-il engagé dans un vaste programme de construction de stations de pompage, telles que celles d’Ayatto qui a contribué à réduire les problèmes d’accès à l’eau potable dans la ville de Douala. Rappelons que le projet d’adduction en eau potable d’Ayatto, localité de située à une dizaine de kilomètres de Douala prévoit l’approvisionnement de la capitale économique avec une production de 150 000 mètres cubes d’eau par jour à partir de 2014 pour faire face aux 250 000 mètres cubes nécessaires pour satisfaire pleinement la demande de Douala.

A Yaoundé, CAMWATER manifeste également un enthousiasme qui incite à l’optimisme. Selon la Direction Générale, l’offre en eau potable va pratiquement doubler d’ici à décembre 2013 dans la capitale politique, passant de 100 000 à 190 000 mètres cubes par jour, avec notamment les réhabilitations des stations de la Mefou (Yaoundé) et d’Akomyada (Mbalmayo).

Les Collectivités territoriales camerounaises ne sont pas en reste, notamment en milieu rural où les problèmes se manifestent avec une plus grande acuité.

Les communes du Département du Mbam-Et-Inoubou (Région du Centre) se sont d’ailleurs regroupées au sein du Syndicat de Communes du Mbam-Et-Inoubou (SYCOMI) pour mutualiser leurs moyens et dégager des ressources dédiées aux investissements et à la gestion collective des infrastructures d’accès à l’eau potable.

La commune de Baham dans les Hauts-Plateaux (Région de l’Ouest) a misée sur la coopération décentralisée pour réaliser les infrastructures de l’eau dans plusieurs villages ; elle compte d’ailleurs assurer la pérennité et le renforcement du service de l’eau à travers un partenariat public-privé inédit en milieu rural.

Mais toutefois, qu’il s’agisse de l’Etat camerounais ou des collectivités territoriales, toujours est-il que beaucoup reste encore à faire pour améliorer la distribution en eau potable sur l’ensemble du territoire.