La première session ordinaire annuelle du Conseil national de la Décentralisation vient de mettre en lumière les efforts entrepris par le gouvernement pour que le développement local devienne une réalité pour les populations. Le cadre juridique est en place, depuis 2004, avec la loi d’orientation de la décentralisation. Et depuis 2010, le transfert des compétences est effectif. En attendant l’avènement des régions, les communes savourent déjà les avantages du transfert des compétences et des ressources. Le gouvernement, de son côté, n’est pas prêt à reculer dans son option de promotion du développement, de la démocratie et de la gouvernance au niveau local. Cette volonté vient encore d’être réitérée par le président du Conseil national de la Décentralisation le 21 juin dernier.

On se souvient que pour 2011, les départements ministériels ont transféré les ressources financières à concurrence de 23 071 163 000 F aux collectivités territoriales décentralisées. Le ministère des Finances a reversé aux communes et communautés urbaines, au titre de la fiscalité locale, 76 971 258 019 F alors que pour la même période la dotation générale de la décentralisation, qui finance en partie la décentralisation, a pu dégager un montant de 7 000 000 000 F pour les collectivités territoriales décentralisées. Ces éléments sont un indice que les communes sortent peu à peu d’un quotidien difficile.

Reste que malgré cette option du gouvernement, sur le terrain, tout le monde n’a pas toujours la même compréhension de l’expression « gouvernance ». Il y a quelques semaines, encore, à Douala IVe, le maire et le secrétaire général de cette commune, ont étalé sur la place publique leurs malentendus. Chacun étant conforté dans ses certitudes, les regards sont désormais tournés vers Yaoundé où le Minatd devra trancher. Ailleurs, c’est l’exécutif communal qui a maille à partir avec la tutelle et on connaît les conséquences sur la validation du compte administratif. Dans un autre cas de figure, c’est tout un conseil municipal qui est émietté en plusieurs factions. A l’origine de ces bisbilles, la mauvaise gestion des ressources financières, le refus de respecter les textes, et les velléités de fraude.

Dans certains cas, le Minatd a été sans pitié. La mauvaise gouvernance a souvent débouché sur la suspension des maires rebelles et parfois à leur révocation. Si pour les élus locaux épinglés, ces dérives trouvent leur origine dans le souci de procéder à une sorte de retour sur investissement, pour les pouvoirs publics, seule l’amélioration des conditions de vie des populations compte. La construction des écoles, des centres de santé, des ponts, des marchés ne saurait être sacrifiée à l’autel des intérêts particuliers. Pour justifier l’injustifiable, les observateurs avertis évoquent le statut des élus municipaux. L’absence de statut voire de salaire donne place à quelques dérapages. Mais ce n’est pas forcément le cas partout. Les communes du Cameroun, sont de plus, en plus dirigées par des personnels ayant un profil enviable. Médecins, professeurs d’universités, fonctionnaires à la retraite ont longtemps pris la place de l’instituteur du village. Les élections municipales attendues réservent certainement des surprises en termes de qualité des candidats.

Car à l’heure de la décentralisation, la distribution des postes par complaisance ne fera plus l’affaire. Les meilleurs auront dès lors les faveurs de l’électorat. Parce que toute la communauté a intérêt à avoir un maire qui non seulement maîtrise les textes, mais qui ne transforme pas les ressources de la commune en patrimoine personnel. Cette vision est bien perçue du côté de Kumbo dans la région du Nord-Ouest, où les qualités de bon gestionnaire de monsieur le maire sont saluées sans distinction de chapelle politique. A Sangmelima, dans la région du Sud, le maire est aussi régulièrement montré en exemple. CT s’est tourné vers ces modèles pour montrer qu’il n’y a pas que de mauvais exemples en matière de gouvernance communale. Dans l’ensemble, il est question pour ceux qui ont reçu mandat du peuple, de se souvenir qu’ils sont uniquement à son service et non à la quête d’un retour sur investissement après une campagne électorale financièrement ruineuse.

Source: http://www.cameroon-tribune.cm