A l’heure où l’acte III de la décentralisation est dans les tuyaux, l’Odas publie un nouveau cahier intitulé « Décentralisation et cohésion sociale ». L’occasion pour l’institution de faire la synthèse de 22 ans d’observation de l’action publique en matière de solidarité et de dégager quelques axes qui permettront de réussir non seulement la restructuration des modes d’organisation et d’intervention, mais aussi des modes de décision au profit d’une vision chaque fois plus exigeante de l’action publique.

Parce que le modèle de solidarité française est fondé sur la nécessité de préserver l’égalité des chances, la réussite de la décentralisation est nécessaire pour exprimer les diversités. Or, cette aspiration provoque souvent des réticences idéologiques, mais aussi des résistances engendrées par le changement des habitudes, le réajustement des procédures, le repositionnement des hommes. Et pourtant il faut non seulement préserver mais développer le processus de décentralisation car lui seul peut traiter la question du caractère polymorphe de la précarité dans ses dimensions relationnelle et identitaire. Le vouloir vivre ensemble ne se décrète pas, il se construit dans la proximité. A cette fin, les collectivités locales doivent mieux acter dans leurs programmes d’actions, la volonté de favoriser l’implication de toutes les politiques publiques et la refondation de l’accompagnement social afin de revitaliser le lien social. Mais pour que la perspective affichée n’apparaisse pas comme incantatoire, il faut que la décentralisation s’affirme davantage dans quatre directions que 22 ans d’observation par l’Odas de l’action publique en matière de solidarité peuvent permettre de préciser avec cette contribution :

- Celle de la revalorisation du principe de subsidiarité pour permettre de clarifier les champs respectifs de la solidarité nationale et de la solidarité locale en distinguant explicitement les fonctions de proximité des fonctions de régulation ;

- Celle de la clarification des compétences pour mettre fin à des responsabilités qui se concurrencent, désorientent les usagers et démotivent les professionnels ;

- Celle de l’articulation des légitimités territoriales autour du concept de développement social avec le souci de privilégier le partenariat de connaissance et de conviction sur le partenariat de complaisance ;

- Celle d’une conception plus exigeante du rôle des institutions, en organisant le retour en force des logiques de mission et d’engagement, des professionnels et des habitants, pour mettre fin à la prégnance des postures d’assistanat et d’indifférence.

On retrouve là les questions centrales posées dès l’origine de la décentralisation de l’action sociale par ceux qui la voulaient ambitieuse, afin de réussir non seulement la restructuration des modes d’organisation et d’intervention, mais aussi des modes de décision au profit d’une vision chaque fois plus exigeante de l’action publique.

Source: http://www.odas.net